Le City Football Group, ou comment Manchester City souhaite rayonner sur le monde du football (partie 1)
Propriétaires de Manchester City, les deux membres de la famille royale émirati possèdent désormais deux clubs satellites ainsi que des parts dans trois autres clubs à travers le monde. De Melbourne à l’Uruguay en passant par New York, la Chine et le Japon ou encore Gérone, comment le City Football Club donne les moyens à Manchester City de régner sur le monde ?
Depuis 2014, le City Football Group, détenu par le Cheikh Mansour Bin Zayed al-Nahyan et Khaldoon al-Mubarak, tente petit à petit de conquérir le monde du football. La réussite et l’image mondiale que possède Manchester City et le City Football Group vient de l’idée d’un homme : Ferran Soriano. Vice-président économique du FC Barcelone entre 2003 et 2008, il est depuis 2012 le directeur exécutif de Manchester City. Avant le début de l’aventure, Soriano avait une idée bien précise de ce qu’il souhaitait faire. Il voulait avoir une emprise totale sur le football, avec un club global, et plusieurs clubs locaux, qui pourraient ainsi produire, développer et accueillir les meilleurs jeunes de leur pays respectifs afin de les envoyer à Manchester, son club global, par la suite. C’est ce qu’il souhaitait, et c’est exactement ce qu’il a réussi.
Manchester City, à la genèse du City Football Group
Avant toute chose, il est intéressant de savoir que Ferran Soriano n’en est pas à son coup d’essai avec Manchester City. L’ancien vice-président économique du FC Barcelone avait déjà eu la volonté de mettre cela en place au sein du club catalan, mais les dirigeants ont tous refusés catégoriquement. Soriano décida donc de partir afin d’approfondir son idée et de trouver le club adéquat. Ce club s’appelle Manchester City.
En pleine reconstruction, les Sky Blues s’avéreront être parfait pour Soriano pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la réputation de la ville. Réputation notamment grâce à Manchester United, qui constituera un rival parfait à l’époque post-Ferguson où les Reds Devils dépensaient sans compter tandis que les Glazer ne se lassaient pas de ruiner l’image d’un des clubs les plus mythiques au monde. Le championnat, toujours plus relevé et indécis, le fait de développer un projet sur le long terme pourrait définitivement révolutionner le club et la Premier League de manière globale. Enfin, comme dit précédemment, avoir choisi un club en reconstruction est l’idée parfaite. Des infrastructures ultramodernes, un club déjà réputé, le sigle « City », qui pourra être accolé à tous les autres clubs satellites afin de les reconnaître…
Avec la mise en place du terme « City FC » et l’implantation des maillots bleu ciel, quitte à changer totalement les anciennes couleurs du club (Melbourne Hearts), les clubs détenus par le CFG sont identifiables en un coup d’œil. Là est une nouvelle fois prouvé le génie de Ferran Soriano.
« Ce qu’a réussi Ferran Soriano au sein de Manchester City et de manière générale avec le City Football Group pourrait être appelé Glocalisation. Désormais, un supporter de Girona ou New York City est certainement également – dans une moindre mesure – supporter de Manchester City. »
Fernando Pons, expert en Sport Business à Deloitte, en Espagne
Si le City Football Group et Manchester City en est là aujourd’hui, c’est en particulier grâce à Ferran Soriano. En plus d’être à l’origine du CFG, l’ancien vice-président économique du FC Barcelone peut également se féliciter d’avoir réussi à attirer Pep Guardiola à Manchester. Sans Soriano, le City Football Group n’aurait jamais existé et Manchester City ne jouerai probablement pas le titre tous les ans.
De Manchester à New York, l’emprise s’élargit peu à peu
Ferran Soriano mit son idée des clubs satellites à exécution dès son arrivée à Manchester City, en septembre 2012. Seulement quelques semaines plus tard, il posa ses valises à New York pour créer un nouveau club. Comme pour Manchester City, le choix suit une certaine cohérence des idéaux de l’Espagnol : la réputation de la ville, le rival avec les New-York Red Bulls, et le championnat, qui était et est encore aujourd’hui en plein développement. Il déboursa ainsi 100 millions de dollars afin d’obtenir une place en MLS et construire une équipe de toute pièce.
« Pour les fans, c’est ‘NYCFC’ ou simplement ‘New York City’. Notre marque est parfaite pour cela, parce que c’est ‘City’ qui reste en tête. »
Ferran Soriano
Après New York City FC et Manchester City, le City Football Group s’ouvra à un autre continent : l’Asie. En devenant actionnaire minoritaire du Yokohama F. Marinos, club japonais évoluant en première division nippone, les Citizens ont pu d’une part développer leur base de supporters en Asie et d’autre part lier un partenariat économique avec Nissan, qui détient le reste des parts du club.
Peu à peu, Manchester City devient ainsi la Silicon Valley du football. Avec une emprise sur tous les continents, le club voit grand et, à long terme, misera principalement sur son centre de formation. C’est principalement le cas pour le Club Atlético Torque. Inconnu pour la plupart des amateurs de football, ce club uruguayen fut fondé en 2007 et passa professionnel cinq ans plus tard. Le CFG cherchait un club en Amérique du Sud, et ce n’est pas par hasard que le choix s’est porté sur Torque.
« Personne ne sait ce qu’est le CA Torque. Personne ne sait où et dans quel pays est Torque. Dans cette salle, personne n’a jamais vu un match de Torque et n’en a probablement même jamais entendu parler. Et cela nous convient parfaitement. C’est exactement ça qu’il nous faut. »
Proposition d’un nouveau club de la part d’un des représentants du City Football Group
L’ambition, expliqua-t-il, était d’une part pour le club de faire briller le club en première division et se qualifier en compétition continentale afin de faire rayonner le club à l’international. D’autre part, l’objectif pour le CFG était de profiter du rayonnement de l’image du CA Torque pour attirer les meilleures jeunes d’Uruguay et même de toute l’Amérique Latine. Lors de cette réunion, le représentant prit l’exemple de joueurs tels que Luis Suarez ou encore Edinson Cavani. Ce dernier tient aussi à profiter du fait que l’Uruguay est, selon lui, le plus grand exportateur de footballeur pro d’Amérique Latine. Alors que la majorité des clubs vendent leurs meilleurs jeunes lorsqu’ils sont tout juste majeurs, le Club Atlético Torque compte les garder beaucoup plus longtemps avant de les envoyer à Manchester City ou dans l’un des autres clubs partenaires.
Une autre jolie prise réalisée par le City Football Group est sans aucun doute l’acquisition de 44.3% des parts du Gérone FC, pour seulement 3.5 millions d’euros. Quelques semaines plus tard, 43,3% parts du club sont également rachetée par un certain Pere Guardiola, qui s’avère être le frère de Pep. Le CFG et ses proches détiennent ainsi près de 90% du club catalan qui évolue en Liga depuis son rachat, soit l’été 2017. Les 11% restants ne peuvent être rachetés puisqu’ils appartiennent aux supporters du club. Dès sa première saison, le club est au-dessus des attentes. Les Catalans finissent dixième et accrochent quelques belles équipes à leur tableau de chasse. On citera par exemple l’Atlético Madrid (2-2 et 1-0), le Real Madrid (2-1) ou encore le Real Betis (2-2). Très rapidement, on s’aperçoit que le Girona FC est le club dans lequel le City Football Group nourrît le plus d’espoir.
Lors de leur promotion en Liga, le mercato des Blanquivermells fut de loin le meilleur parmi les trois promus, et ont senti directement l’influence des autres clubs membres du CFG. Celle qui reste sans aucun doute le plus dans les mémoires est Cristhian Stuani, auteur de trente-cinq réalisations en cinquante-six apparitions ! Le choix d’un Uruguayen n’est bien évidemment pas un hasard. Autre influence, celle de l’ogre citizen, qui n’envoya pas moins de cinq de ses jeunes chez les catalans. Parmi eux, le jeune milieu Aleix Garcia et l’arrière droit Pablo Maffeo. Autres recrues notables, celles de l’expérimenté Gorka Iraizoz et de Marc Muniesa. Pour un promu, ces recrues s’avèrent rapidement être du pain béni, et les résultats ne tardent à venir, en tout bon sens. L’été dernier, c’est Patrick Roberts, Raul Garcia et Seydou Doumbia qui ont débarqués à Girona. Rien que ça.
Le Sichuan Jiuniu, tout sauf un hasard
Ce 20 février 2019, le City Football Group et Ferran Soriano ont officialisé le rachat d’un septième club : le Sichuan Jiuniu, club évoluant en troisième division chinoise. Fondé en 2006, les potentielles retombées générales et économiques pour Manchester City sont inestimables.
« Aujourd’hui marque le début d’un nouveau chapitre excitant dans la croissance du City Football Group. La Chine est un marché de football extrêmement important, sur lequel nous nous concentrons depuis quelque temps. »
Soriano sur l’acquisition du septième club du City Football Group
Le choix du Sichuan Jiuniu est tout sauf un hasard pour le City Football Group. Comme l’explique Romain Molina, les Emirats Arabes Unis et la Chine possèdent des liens forts. En 2008, un tremblement de terre a frappé la région du Sichuan et ainsi sa capitale, Chengdu. Afin d’aider à sa reconstruction, les Emirats Arabes Unis ont alors réalisés un don de cinquante millions de dollars à la région chinoise.
« Nous croyons fortement au futur du football en Chine. Nous prenons un engagement de long terme pour faire grandir et développer le Sichuan Jiuniu FC et nourrir le talent footballistique chinois. Ces objectifs sont également importants. Notre préoccupation immédiate sera de renforcer notre performance footballistique, en utilisant toute notre expérience et notre savoir-faire, de forger une relation forte avec nos fans et de construire une forte présence dans la communauté. »
Ferran Soriano après le rachat du club chinois
Outre le nombre potentiel de nouveaux supporters et le développement d’une fanbase en Asie de l’Est, les revenues économiques à moyen et long terme pourraient faire du CFG et ainsi de Manchester City le club le plus riche au monde. Basé à Chengdu, ville de plus de neuf millions d’habitants, Sichuan joue dans une enceinte de 42 000 places. La promotion de Manchester dans une ville comme celle-ci provoquera à coup sûr des bénéfices non négligeables.
À l’heure actuelle, Manchester City affirme qu’il y a douze groupes de supporters officiels des Sky Blues à travers douze villes chinoises. Ils estiment à quarante-cinq millions le nombre de Chinois regardant en moyenne les matchs du club.
S’il existe d’autres cas similaires à celui de Manchester City, tels que celui de la marque Red Bull (Leipzig, Salzbourg, New York) ou celui de la famille Pozzo (Udinese, Grenade, Watford), le City Football Group semble sans aucun doute être le plus séduisant.

Dans le deuxième épisode de cette mini série consacrée au City Football Group, vous découvrirez pourquoi ces derniers cherchent à avoir une emprise mondiale sur le football, ainsi que son avenir. Nous aborderons également la philosophie que possèdent les clubs, démontrant comment tout est fait pour acclimater et habituer le mieux possible les joueurs à évoluer au plus haut niveau.